Polarisation ou aliénation - Sur la question du retour des classes

Notre époque s’enfonce dans un paradoxe.
Marx, en son temps, se questionnait quant à savoir si la progression du capitalisme allait accentuer ou atténuer la bipolarisation sociale Bourgeois/Prolétaire
(1/10
Les récents travaux économiques (Piketty, Zucman, Milanovic) nous montrent qu’au niveau économique pure, les inégalités vont en s’accroissant, traduisant ce qu’on pourrait qualifier, en termes marxistes, d’une captation de plus en plus grande de la « survaleur »
(2/10)
Toutefois, alors que les données objectives de la structure économique plaident pour une polarisation accrue de l’antagonisme de classe, ce dernier est très souvent absent du discours des couches populaires non-politisées.
(3/10)
Au regard de mon travail sur le terrain, je constate - notamment au sein de la jeunesse - que la dénonciation des discriminations économiques est ainsi très peu convoquée dans nos discussions sur les injustices du monde (qui en énoncent pourtant beaucoup d’autres)
(4/10)
Matériellement, il y a donc une structure bipolaire en essor.
Intellectuellement, il y a au contraire une certaine pulverisation de l’idée de classe,
Mettant à nu un véritable paradoxe.
La distance entre le « en soi » et le « pour soi » a rarement paru aussi nette.
(5/10)
Comment l’expliquer ? Nous pouvons analyser cela par le brouillage des mécanismes de la conscience collective qui vient à moins à se percevoir au regard du « mode de production » qu’au regard du « mode de vie » (comme on a pu le constater avec les Gilets jaunes
(6/10)
Qui ont donné à voir le retour d’une certaine conscience collective).

Cette consc. par le mode de vie a pour conséquence une volonté - compréhensible - de « mieux vivre » qui s’inscrit ainsi dans une dépendance vis-à-vis du capitalisme dont elle ne peut souhaiter la disparition.
Ainsi pouvons-nous parler d’un nouveau stade de l’aliénation capitaliste.

L’existence, soumise au fonctionnement du monde marchant, ne semble plus pouvoir s’émanciper d’un système économique dont dépend tous les linéaments de la vie.
(8/10)
S’il y a un projet intellectuel et politique digne de ce nom qui veut éclore, il doit se confronter à cette sinistre vérité que nous ne savons presque plus ce qu’est la vie heureuse hors du monde marchand,
(9/10)
Et surtout, que nous ne savons plus la dessiner comme un horizon souhaitable.
Voilà pourquoi nous sommes démunis.
Car qu’est-ce que cet horizon pour un des nôtres, dans le besoin, angoissé par le chômage, et étranglé par la vie chère et les affres de la fin de mois ?
(10/10)
You can follow @ThomasBranthome.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled:

By continuing to use the site, you are consenting to the use of cookies as explained in our Cookie Policy to improve your experience.