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THREAD sur le déclin de l’AC Milan Quelles sont les causes qui font que ce club mythique soit autant en déliquescence ces dernières années ?
Pour le comprendre ça se passe ici
13 mai 2012 : à l’occasion d’un ultime match de Serie A remporté à domicile 2-1 face à Novare, les illustres Filipo Inzaghi, Clarence Seedorf, Gennaro Gattuso et Alessandro Nesta tirent leur révérence avec l’AC Milan
Rencontre dans laquelle « Super Pippo » inscrira le dernier but du match sur une merveille de passe de Seedorf, comme un symbole. Gattuso portera quant à lui le brassard de capitaine
Ces départs viendront achever un cycle, celui du grand Milan des années 2000. Mais un malheur n’arrive jamais seul pour les tifosi du Milan qui voient également Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic quitter le navire
En proie à de sérieuses difficultés financières, Sylvio Berlusconi est contraint de céder ses meilleurs éléments afin de renflouer les caisses. Ce sera Leonardo, un ancien de la maison milanista qui arrivera à attirer le brésilien ainsi que le suédois au PSG
Enfin, Gianluca Zambrotta, Mark Van Bommel et Antonio Cassano quittent également la Lombardie
2012-2013 : une transition difficile
L’AC Milan coaché à l’époque par Allegri fait alors peau neuve et construit son effectif autour de joueurs tels que Philippe Mexes, Riccardo Montolivo, Nigel De Jong ou encore la promesse Stephan El Shaarawy
Seulement, la passation de pouvoir s’avère beaucoup plus compliquée que prévu et les Rossoneri vont vite déchanter. Le club milanais se retrouve 7eme de Serie A à la trêve et se qualifie de justesse pour les huitièmes de C1 dans un groupe à sa portée (Zenit, Malaga, Anderlecht)
Le Milan doit alors sa survie à El Shaarawy, l’une des rares satisfactions de la saison, qui du haut de ses 20 ans, permet à son équipe de limiter la casse
L’arrivée de Mario Balotelli au mercato d’hiver permettra à Allegri et à son groupe de remonter au classement au fil des matches, au point même de jouer sa qualification en Ligue des champions sur le terrain de Sienne lors de la dernière journée de championnat
Grâce à deux buts de Mexes et Balotelli, l’AC Milan arrache in extremis sa place en Europe (victoire 2-1)
En coupe d’Europe, ce sera une toute autre histoire. Opposés au Barça en huitième, les milanais s’imposent brillamment 2-0 lors de l’aller à San Siro avant de s’incliner lourdement au Camp Nou pour le compte du retour (4-0)
Équipe type cette saison :
Saison compliquée donc même si le club atteindra l’objectif final en fin de saison. Et la Juve, s’adjuge dans le même temps un deuxième scudetto d’affilée
Symbole d’une réussite à tous les étages, le club turinois s’offre même le luxe de jouer dans son propre stade qu’elle a inauguré la saison d’avant. En étant propriétaire de son enceinte, l’idée est de pouvoir dégager des bénéfices conséquents
L’amorce de cette nouvelle politique sportive et économique contraste de manière significative avec ce que font les gros clubs italiens, notamment l’AC Milan, qui ne cherche qu’à assainir ses finances
2013-2016 : la chute d’un géant d’Europe
Si la saison d’avant, le club milanais accroche de justesse les places européennes, l’exercice 2013-2014 sera quand à lui catastrophique et sonnera le glas d’une époque bel et bien révolue
Et bien que le club enregistre le retour de l’immense Ricardo Kakà à la maison rouge et noire, le début de saison est calamiteux, sans parler de la blessure longue durée d’El Shaarawy qui sera forfait pour la quasi totalité de la saison, ni de l’inconstance de Balotelli
Sur le plan institutionnel, l’AC Milan subit des remous. Barbara Berlusconi, la fille de Sylvio, prend par exemple plus de poids dans la direction puisqu’elle devient avec Adriano Galliani administratrice déléguée
Et sur le terrain les choses ne font qu’empirer, l’effectif s’avère beaucoup plus limité que prévu et le club finit à une indigente 11ème place à la mi-saison. Massimo Allegri sera alors limogé et remplacé par une légende du club, en la personne de Clarence Seedorf
Le néerlandais troque alors sa tunique de footballeur à Botafogo contre celle d’entraîneur principal. Et avec l’arrivée de joueurs tels que Keisuke Honda, Adel Taarabt ou encore Michael Essien, le club remontera légèrement la pente
Mais pas suffisamment pour sauver une saison très mal embarquée puisque le Milan terminera à la 7 position du classement final
En Ligue des champions si le club aura toutes les peines du monde à s’extirper d’un groupe comprenant le Barça, l’Ajax et le Celtic, il s’inclinera logiquement face à l’Atletico (0-1 puis 4-1), futur finaliste de la compétition
Le constat est alors amère pour les Rossoneri, qui étaient autrefois redoutés aux quatre coins de l’Europe, mais qui ne fait plus peur à personne à cet instant
Équipe type cette saison :
Seedorf sera donc à son tour remercié en fin de saison et les deux exercices qui suivront ne seront guère meilleurs
En effet que ce soit avec Pippo Inzaghi ou avec Siniša Mihajlović plus tard, les résultats ne seront pas de meilleure facture. Pis encore, sous Inzaghi le Milan terminera le championnat à la 10ème place, du jamais vu depuis des années
Quant au Serbe, il n’ira même pas jusqu’à la fin de saison et ce, malgré un recrutement intéressant avec l’arrivée d’éléments tels que Romagnoli, Luiz Adriano ou Carlos Bacca
Après des résultats décevants, il sera remplacé par Christian Brocchi qui assurera l’intérim. Le club lombard atteindra la finale en coupe d’Italie mais s’inclinera contre la Juve
Équipes types 2014-2015 puis 2015-2016 :
2016-2018 : une éclaircie sous le pavillon chinois
À l’aube de la saison 2016-2017, l’institution milanaise se voit à nouveau chamboulée
Début août, l’illustre Berlusconi annonce vouloir céder ses parts à un nouvel investisseur et trouve rapidement un accord avec un consortium chinois, une page se tourne définitivement du côté de la Lombardie
Vincenzo Montella prend quant à lui place sur le banc rossoneri en tant que coach principal et le moins que l’on puisse dire, c’est que la première partie de saison est très encourageante
Emmenés par les jeunes prodiges Donnarumma et Locatelli mais aussi par les fantasques Suso et Bonaventura, le club s’installe sur le podium de Serie A à la trêve, avec notamment une victoire de prestige face à la Juventus à San Siro
La deuxième partie de saison s’avérera plus compliquée pour un groupe dont beaucoup estiment qu’il était en sûr-régime. Les blessures de cadres tels que Montolivo ou Bonaventura n’aideront pas non plus
Néanmoins, l’AC Milan parviendra tout de même à remporter la supercoupe d’Italie au détriment du rival juventini (1-1 puis 5-4 au TAB). Le club s’offre donc un trophée et met fin à une disette de plus de 5 années sans titre
En fin de saison, l’équipe de Montella se hisse à la 6ème place du classement. L’AC Milan se qualifie à nouveau pour une coupe d’Europe. Sans être transcendants les milanais progressent malgré tout et le bilan de cet exercice offre une lueur d’espoir aux tifosi
Équipe type cette saison :
À l’été 2017, Yonghong Li le président du fond d’investissement chinois, qui avait officialisé sa venue quelques mois plus tôt s’attelle au mercato avec à son actif un budget conséquent
Le recrutement sera alors chapeauté par Marco Fassone et Massimiliano Mirabelli, tous deux intronisés respectivement administrateur délégué et directeur sportif. Nouveau visage donc pour la direction milanaise qui se veut ambitieuse sur le marché des transferts
Conti, Calhanoglu, Kessié, Rodriguez, Kalinic, André Silva, Borini, Musacchio, Biglia et enfin Bonucci en toute fin de mercato, ce qui fera pas moins de 10 recrues pour ce nouveau projet, avec notamment l’ancien de la Juve dont le transfert aura été retentissant
Si Vincenzo Montella est confirmé à son poste par la nouvelle équipe dirigeante, l’équipe fait quant à elle peau neuve et aborde la nouvelle saison pleine de confiance
Le début est d’ailleurs plutôt réussi avec une qualification acquise pour la phase de poules d’Europa League et deux victoires pour les deux premiers matches de Serie A, face à Crotone à l’extérieur puis face à Cagliari
Mais très vite les choses vont se corser. Après une lourde défaite sur le terrain de la Lazio 4 buts à 1, Montella décide de changer son système pour passer en 3-5-2
L’ancien coach de la Fio évoquera les nécessités tactiques de s’adapter à son nouvel effectif mais aussi l’épanouissement de Leonardo Bonucci, qui évoluait déjà dans une défense à 3 l’an passé du côté de Turin
Mais cette formation ne donnant pas satisfaction, l’équipe va très vite dégringoler au classement. Si bien qu’au mois de décembre Montella est congédié alors qu’il avait été maintenu et prolongé quelques mois plus tôt
Là encore, c’est une ancienne gloire du club, Gennaro Gattuso, qui viendra à la rescousse du Milan. L’une de ses premières décisions fortes est de remettre en place le 4-3-3, le trouvant plus à même d’exploiter le potentiel de l’équipe
Le jeune Cutrone de la primavera grappille quant à lui de plus en plus de temps de jeu et s’affirme comme étant l’un des hommes forts de Gattuso. En témoigne son but providentiel face a l’Inter en coupe d’Italie alors que l’on joue les prolongations
Sous l’égide de Rino, les milanais atteindront les huitièmes de finale en Europa ligue, la finale en coupe d’Italie et terminerons à la sixième place de Serie A. L’équipe se stabilisera donc quelque peu après un début très difficile
Équipe type cette saison :
Du côté du board, la situation est alarmante. Yonghong Li, qui a investi énormément d’argent, n’a plus assez de liquidités pour rassurer le fair-play financier. L’AC Milan sera donc exclu de la compétition pour l’année suivante avant d’être blanchi par le TAS
Néanmoins, les investisseurs chinois ne sont pas sûrs de pouvoir rembourser leurs prêts pour autant. Si sur le plan sportif, le bilan reste correct malgré des attentes bien plus élevées, sur le plan financier en revanche, le club navigue à vue
Mais qu’importe, Gattuso, qui a été lui aussi prolongé, reste focalisé sur l’objectif principal du club pour la saison qui suivra, qui est un retour en ligue des champions
2018- : de nouveaux soubresauts avec le fond d’investissement Eliott
Comme beaucoup ont pu le redouter, le consortium chinois du Milan ne parvient pas à rembourser son créancier. Début juillet, ce sera ce dernier qui annoncera être le nouveau propriétaire de l’AC Milan. Le club appartiendra depuis lors au fond d’investissement américain Eliott
Ce sera à nouveau le remue-ménage à la Casa Milan. Leonardo sera de retour aux affaires, pour un temps seulement, Paolo Scaroni sera nommé à la présidence, puis deux autres figures du club viendront compléter la direction. Il s’agira de Paolo Maldini et Zvonimir Boban
L’objectif prioritaire de cette nouvelle équipe dirigeante étant de retrouver la C1 au plus vite, le recrutement abonde en ce sens
Gonzalo Higuaín et Mattia Caldara sont inclus dans un deal avec la Juventus qui comprend la vente de Leo Bonucci, Thiemoué Bakayoko puis Krzysztof Piatek et Lucas Paqueta en hiver complèteront la liste des arrivées
Et malgré une saison assez irrégulière sur le plan du jeu, les hommes de Gattuso lutteront jusqu’à la fin pour accrocher le top 4 du championnat, en étant au coude à coude avec l’Inter et l’Atalanta jusqu’à la dernière journée
Bien que le suspense soit haletant, l’AC Milan qui était si près du but, ne parviendra pas à se hisser parmi les quatre premiers du Calcio. La faute à une victoire conjuguée de l’Atalanta et du voisin interiste
Équipe type cette saison :
Reconnaissant son échec, Gattuso quitte le club sans réclamer aucune indemnité de salaires « je ne veux pas faire de mon histoire ici une question d’argent, [...] j’ai passé ici 18 mois inoubliables en tant qu’entraîneur »
![Reconnaissant son échec, Gattuso quitte le club sans réclamer aucune indemnité de salaires « je ne veux pas faire de mon histoire ici une question d’argent, [...] j’ai passé ici 18 mois inoubliables en tant qu’entraîneur »](https://pbs.twimg.com/media/Ed9RP4nXoAAc7eV.jpg "Reconnaissant son échec, Gattuso quitte le club sans réclamer aucune indemnité de salaires « je ne veux pas faire de mon histoire ici une question d’argent, [...] j’ai passé ici 18 mois inoubliables en tant qu’entraîneur »")
Échouant si près du but, le club d’« il diabolo » doit désormais remettre le bleu de chauffe et démarcher un nouveau coach pour la reprise de la mise en marche de ce nouveau projet
Si plusieurs noms sont cités dans la presse (Simone Inzaghi, Leonardo Jardim), ce sera finalement Marco Giampaolo qui sera l’heureux élu. Un technicien reconnu par ses pairs comme étant très prometteur, notamment pour son travail réalisé à la Samp
Ayant épuisé un certain nombre de capitaux la saison dernière, Eliott décide d’effectuer un recrutement plus sobre pour l’exercice 2019-2019. Théo Hernandez, Ismaël Bennacer auréolé d’un titre de champion d’Afrique et Rafael Leao rallient Milan
L’aventure milanaise de Giampaolo sera très vite écourtée. Après une série de contre performances, il sera licencié et remplacé à la surprise générale par Stefano Pioli, qui restait sur une expérience mitigée du côté de Florence
Sous Pioli, la courbe ne s’inversera pas pour autant, les résultats resteront en dents de scie jusqu’à l’arrêt des championnats à la mi-mars. Le fond de jeu est alors quasi-inexistant et le désamour avec le public de San Siro est visible
Toutefois, force est de constater qu’apres le restart l’équipe retrouvera une belle dynamique avec des cadres en meilleure condition et une nouvelle formule tactique qui fait mouche. Insuffisant cependant pour atteindre le top 4, le retard étant déjà trop conséquent
Actuelle équipe type :
Actuellement 6ème de Serie A à deux journées de la fin, le club vit une saison agitée. Les récentes performances de l’équipe ont convaincu la direction de ne plus miser sur Ralf Rangnick avec qui elle était en pourparlers, mais bel et bien sur Pioli qui sera à son tour prolongé
Donc pour résumer, le déclin de l’AC Milan qui dure depuis quasiment une décennie, se situe à mon sens sur trois axes principaux
D’abord sur le plan économique. Sur cette aspect est comme beaucoup d’autres clubs en Italie, l’AC Milan n’a pas su trouver de modèle économique viable. Le contre-exemple de la Juve est flagrant
Avec son nouveau stade dont il est le propriétaire, le club turinois a su saisir une belle opportunité pour augmenter ses revenus de manière significative
Si l’on parle d’un projet de nouveau stade pour Milan, encore faut-il que cette nouvelle enceinte lui appartienne véritablement. Et là dessus c’est une autre histoire
Ensuite sur le plan institutionnel, le club a subi en l’espace de quelques années de nombreux changements, de quoi le rendre très instable. Il est donc compréhensible que de ce point de vue là, la mise en place de projet sur le long terme reste compliquée
Cette habitude de céder à la culture de l’instantanéité n’aide pas non plus le Milan à retrouver son lustre d’antan
En effet, que ce soit avec Montella, Gattuso, ou encore plus récemment Pioli, les dirigeants n’apprennent pas de leurs erreurs et se hâtent à prolonger l’entraîneur en place à la moindre once de satisfaction
Enfin pour finir, la stratégie sportive du club n’est guère plus réjouissante. Après avoir remplacé les cadres du grand Milan par des joueurs médiocres (la titularisation de Kevin Constant face au Barça en LDC en étant le symbole), les erreurs se sont multipliées
Absence de joueurs confirmés à des postes clés, vente d’éléments prometteurs issus de la primavera, achats répétés de joueur sur-côtés ou pas adaptés à l’effectif, bref la liste des bévues sur le plan de la planification sportive est encore longue
Hormis la Juve, si l’on devait citer un club en Italie dont le Milan pourrait s’inspirer sur certains points, ce serait l’Atalanta. Sur certains points car leur histoire et leur culture restent fondamentalement opposée sans parler du niveau d’exigence qui n’est pas le même
Mais dès lors, il est légitime de se poser la question de savoir comment un club aussi modeste que l’Atalanta, arrive aujourd’hui à de telles performances le tout, en produisant un jeu exceptionnel, alors que le club Rossoneri lui galère terriblement à retrouver le sommet
Et bien justement parce que la Dea ne tombe pas dans les travers évoqués juste avant. Humilité, stabilité et travail sont les maîtres mots d’un club qui s’est pérennisé dans le haut de tableau de Serie A depuis plusieurs années maintenant
Cet exemple montre qu’il est possible pour l’AC Milan de redevenir l’ogre qu’il a été jadis, encore faut-il que les propriétaires actuels (ou les prochains) aient cette prise de conscience nécessaire pour un club qui végète depuis trop longtemps sur l’échiquier du foot européen
Voilà c’est la fin de ce THREAD, merci infiniment à ceux qui l’auront lu j’espère que vous avez apprécié. J’ai tenté d’être le plus complet possibles sur les raisons qui selon moi font que l’AC Milan est sur le déclin
Et cette analyse a bien évidemment une part de subjectivité donc pour ceux qui auraient des désaccords éventuels ou qui voudraient donner leurs raisons n’hésitez surtout pas à répondre ou à citer le THREAD !!
Merci à @Ayman_Hrn pour la cover. Monstrueux le Ayman comme d’habitude
Ps : Forza Milan 
