Je vois cet article circuler alors qu'il est truffé de bêtises et d'inepties. Je propose un thread debunk rapide pour dire pourquoi ces "calculs" amenant à la compétitivité d'un EPR à 19 Md€ face aux EnR sont bidons 
https://www.contrepoints.org/2020/07/25/376908-a-19-milliards-deuros-lepr-est-encore-moins-cher-que-leolien


1ère bêtise : les frais de raccordement réseaux de l'éolien terrestre et du solaire sont à la charge de l'exploitant, pas du réseau. Il n'y a que pour l'éolien offshore que ce n'est pas le cas mais vu les hypothèses, ce n'est pas ça qu'il est question ici
1er calcul bidon : regarder uniquement les coûts de construction, comme si l'EPR (comme une éolienne d'ailleurs) allait tourner tout seul pdt 60 ans. Si on veut comparer des coûts d'électricité, il faut prendre les coûts de construction ET d'exploitation pendant la durée de vie
2ème calcul bidon qui en découle : on compte trois fois le coût de construction des éoliennes, mais zéro fois les coûts de maintenance et de "carénage" de l'EPR. Pratique. Tout en "oubliant" les possibilités de repowering
2ème bêtise : alors que les défenseurs du nucléaire appellent à "penser système", cet article l'oubli totalement et voudrait comparer les coûts d'un système "tout nucléaire" avec un "tout éolien". C'est stupide : aucun des deux n'est opérationnel
Ce raisonnement stupide amène donc une 3ème bêtise : celle du stockage. Tout MWh produit par une énergie variable n'a pas besoin d'être stocké. C'est ça aussi penser système : voire qu'on peut utiliser des énergies fatales sans avoir à les stocker
Il y a bien évidemment un besoin de stockage qui augmente dans un système intégrant plus d'énergies intermittentes, mais on est loin du 1 MWh produit = 1 MWh à stocker
Avec chaque paragraphe qui comporte quelque chose de faux, difficile de tirer qqchose de la conclusion. Je me garderais donc de commenter. A la place, je vous propose de regarder ensemble à quoi il faut faire attention quand on regarde les coûts d'un système électrique
1) Quasi aucun système n'a vocation à reposer que sur une énergie (exception faite de l'hydraulique dans certains cas). Par exemple, même avec un nucléaire très dominant, la France a dû sécuriser sa pointe. Tout exercice avec "100% d'une énergie" est généralement très grossier
2) Un calcul qui ne regarde que les coûts de construction est forcément nul et non avenu. Les coûts d'exploitation pendant toute la durée de vie de l'installation entrent dans le coût du MWh. ça parait évident mais c'est une erreur que je vois souvent
2bis) Le corollaire de cela est qu'il faut tenir compte des coûts d'actualisation. Dépenser 10 Md€ en one shot, ce n'est pas pareil que dépenser 10 Md€ étalés sur 10 ans. Oui ce sont des coûts financiers et pour certains "finance = caca" mais c'est ça la vraie vie
3) Il faut penser système. 1 MW pilotable ne rend pas le même service que 1 MW intermittent... et tout MW intermittent sur un réseau n'a pas nécessairement besoin d'être stocké. C'est donc un coût global pour un service justement estimé qu'il faut considérer
4) En parlant de service, 2 choses à regarder dans l'estimation des coûts d'un système : quelle qualité du service (= temps de coupure, résilience aux incidents)? Quel besoin de flexibilité (ajustement de conso, stockage)? Ce sont souvent les points clés "oubliés" des scénarios
Une fois qu'on a tout ça, on peut commencer à discuter sérieusement. Mais attention, un système électrique, ce n'est pas qu'une question de MWh et d'€. C'est une industrie, une acceptation sociale, une géopolitique... Tout cela entre en compte, sinon, vous passez à côté du sujet
Je conclurais sur un point : ce genre d'article sensé promouvoir le nucléaire fait tout l'inverse. Il tend à marginaliser la position caricaturale prise par certains défenseurs de l'atome. Partager l'article sans critique n'est d'ailleurs pas mieux. FIN