Il y a une dizaine de jours tout Lomé était en émoi suite à la diffusion des vidéos de lycéens contenant des images où ça et là, ils twerkaient, faisaient des doigts d'honneur, se livraient à des activités sexuelles etc.
Depuis qq jours il est curieux de noter les réactions demandant qu'une réaction (hyper-) sévère soit appliquée contre ces adolescents. Des informations sur les RS font même état de descentes de polices pour arrêter les fautifs chez eux ou au lycée.
La télévision nationale aurait même diffusé les fameuses vidéos sans prendre la précaution de flouter les visages des lycéens concernés au mépris de la protection que notre société doit à des jeunes de cet âge là.
Si ces réactions peuvent & doivent légitimement choquer, elles sont aussi symptomatiques d'une société togolaise marquée par le déni et une hypocrisie en matière sexuelle qui ne dit pas son nom. Tout le monde le fait, tout le monde le sait, mais personne ne doit voir ni savoir.
Ce qui se passe dans ces vidéos, est-ce nouveau ? Tant au Togo qu'ailleurs ? Assurément pas. Des générations entières de lycéens togolais ont eu un "copain", une "copine". Vous pensiez qu'ils se regardaient dans le blanc de l'œil en s'abreuvant de mots doux ?
Ce qui change (et qui m'a interloqué) c'est que ça a été filmé et que quelques uns ont trouvé cela même glorieux au point de le diffuser. Pour moi la différence est là. Mais après tout chaque génération fait avec les outils de son époque. C'est ça qui change.
La 2ème chose qui m'a interrogée c'est que dans les vidéos ces jeunes reproduisent les codes du porno orientés exclusivement vers le plaisir du garçon et non un plaisir partagé, tape sur les fesses des filles non sollicitées etc.
C'est ce qui nous mène au sujet : l'éducation. En vérité, ce que véhiculent ces vidéos c'est un réel problème d'éducation et de communication de parents complètement mis hors jeux par la télévision, internet et révèle leur désarmement pour mener leurs ados dans le bon sens.
Quand on met entre les mains d'un adolescent un smartphone sans avoir discuté au préalable avec lui des contenus susceptibles d'atterrir dedans via les RS, qd le WiFi est disponible à la maison et qu'on n'a pas discuté de notions de consentement, de respect de son/sa partenaire
Quand on laisse ses ados devant les chaînes musicales sans avoir pris la peine de discuter d'égalité homme/femme, de sexualisation du corps de la femme etc. à quel moment est-il légitime de s'étonner qu'ils reproduisent ce qu'ils voient ?
L'adolescence est l'âge de toutes les expérimentations, absolument toutes. On est tous passés par là, poussés par des hormones bouillantes et à la recherche désespérée d'une identité, d'une appartenance.
Il appartient aux parents et à l'institution qu'est l'école de donner les clés pour que l'expérimentation ou même non la expérimentation se passent dans des conditions psychologiques, physiques, matérielles de sécurité et d'épanouissement.
Les cours d'éducation sexuelles sont un véritable échec au Togo tant à la maison qu'à l'école. Le sujet est trop rapidement survolé, ou présenté sous des aspects visant à "effrayer" plutôt qu'à viser l'épanouissement. On ne peut plus s'en contenter.
Le Togo est quand même le pays où les CEG publics ont exigé que les collégiennes/lycéennes se coupent les cheveux arguant ainsi qu'elles seraient moins "distraites" alors qu'officieusement il s'agissait qu'elles ne soient pas "une source de tentation pour leurs profs"
Si certains profs ont franchi allègrement le pas de la tentation avec certaines élèves sous leur garde au mépris de la loi, pourquoi il leur est si difficile de parler de la "tentation" à toute la classe ?
Enfin je m'inquiète de la sévérité excessive avec laquelle ces cas seront réglés notamment en ce qui concerne les jeunes filles. Si les choses n'ont pas bcp changé depuis notre époque à nous, alors le pire est craindre.
Je me souviens encore au collège de ce garçon qui a mis enceintes trois filles qui ont toutes été renvoyées quand ça s'est su alors que lui a été autorisé à poursuivre sa scolarité tranquillement ou de cette fille recemment dont les voix se st élevées pour qu'elle soit renvoyée
Au motif que son petit ami s'était présenté à l'extérieur son lycée (je précise) avec fanfare et cadeaux le jour de la St Valentin. La polémique était ridicule mais ainsi va le Togo: tout le monde le fait, tout le sait mais personne ne doit voir ni savoir.
Sanctionner, exclure ne sont pas la solution. Éduquer, dialoguer oui.
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