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Thread sur l'appropriation culturelle:
On voit souvent passer sur ce réseau des polémiques à propos de l'appropriation culturelle, supposé ou réelle de certaines marques ou personnalités. C'est alors l'occasion pour la gauche bourgeoise de sortir ses plus beaux traits de morale.
On voit souvent passer sur ce réseau des polémiques à propos de l'appropriation culturelle, supposé ou réelle de certaines marques ou personnalités. C'est alors l'occasion pour la gauche bourgeoise de sortir ses plus beaux traits de morale.
Tout d'abord, rappelons que l’appropriation culturelle, ça existe. On ne va pas cancel un concept intéressant au motif qu'une cohorte d'idiots l'utilise à tort et à travers. Pour aller plus loin, on dira même que ça existe depuis très longtemps et de différentes manières.
Le dernier exemple en date de chouinerie liée à l'appropriation culturelle est celui d'une youtubeuse qui a eu l'outrecuidance de porter une robe courte au motif japonisant (ou chinois apparfement, même si le motif me fait penser à ceux qu'on peut trouver sur certain kimonos).
Sauf que d'une part et si l'on se réfère au logiciel selon lequel l'appropriation culturelle se fait depuis une culture dominante sur une culture dominée, ça ne marche pas. Aucun européen n'a jamais colonisé le Japon, c'est même eux qui ont largement colonisé dans la région.
D'autre part, le japonisme, et bien ça existe depuis le XIXe siècle, on trouve aussi ce qu'on appelle des « chinoiseries » au XVIIIe siècle (cf. Le jeu de bagues chinoises de Marie-Antoinette).
Voici d'ailleurs une odieuse image d'Emile Zola (écrivain d'extrême-droite s'il en est) pratiquant une forme très violente d'appropriation culturelle envers les pauvres racisés du Japon :
A la limite, la seule forme de colonisation qu'a pu subir le Japon c'est la même que nous subissons aujourd'hui, l'impérialisme culturel américain.
A ce propos je vous conseille la lecture d'Ametora : How Japan Saved American Style qui explique comment les japonais ont assimilé et sublimé le style américain des années 60 (Est-ce que les japonais font de l'appropriation culturelle? Je crois la question elle est vite répondue)
Passons maintenant aux choses sérieuses, car vous allez demander, mais qu'est-ce que l'appropriation culturelle alors ? En quel endroit peut-on la trouver ? Souvent, c'est dans des choses qu'on ne remet pas en question tant le processus d'appropriation a bien été mené.
Le motif cachemire par exemple : Et bien c'est un motif qu'on trouve originellement dans la culture persane et indienne, ça s'appelle le boteh et c'est pluriséculaire. On le voit sur toutes sortes d'étoffes, notamment de la soie.
Bon et bien dès le XVIIe siècle, les colons anglais ont importé ce motif en Grande-Bretagne et en ont localisé la production textile dans la ville de Paisley en Ecosse pour produire des tissus destinés à la confection de cravates et de foulards.
Par métonymie on appelle ça le motif Paisley et je n'ai encore entendu personne chouiner à ce propos.
Un autre exemple, celui des chaussures Clarks, qu'on trouve toujours aux pieds de mal de monde. Ces chaussures étaient très à la mode dans les années 70 dans les milieux un peu intellos et artistiques, pourtant – damnation –
on doit ce modèle à l'appropriation culturelle de Nathan Clarks, un jeune officier colonial revenu du Caire dans les années 40 avec une paire de chaussures chinée sur un souk et que portaient les officiers en permission.
Il ne s'est pas gêné pour en reproduire la structure et en faire un incontournable. Admirez cette publicité tout à fait problématique (si c'est vrai c'est très grave):
Pour revenir à la robe japonisante de la jeune femme en question, on s'en fout aussi, parce que personne ne croit ou tente de faire croire qu'elle a inventé le qipao ou l'estampe japonaise, arrêtez d'être débiles.
On sait tous très bien que sa robe est inspirée d'un vêtement chinois. Mais je suppose que lorsqu'on chouine pour un truc pareil, c'est moins pour défendre une culture dominée que pour afficher son wokisme dans un élan de narcissisme exacerbé.
Ah au fait, les chinois ont un mot pour ce type de comportement: Baizuo. Ça désigne un progressisme de façade qui vise à se faire passer pour un type bien, et on le rencontre bien plus souvent que l'appropriation culturelle.
