quand plein d'articles s'extasient sur la physique d'une putain de corde dans un jeu alors que les devs t'expliquent que ça a été un motif de souffrance et un surcroît de travail ingérable, on devrait être scandalisés, pas en mode "OH UNE JOLIE CORDE"

Je trouve aussi qu'encore une fois, une frange des gens qui écrivent sur le JV restent ultra focalisés sur le "réalisme" comme seule technique d'expression artistique, comme si le jeu AAA avait vocation à être une espèce de démo technique permanente.

Bien sûr que c'est "impressionnant" techniquement. Mais et après ? Le jeu aurait été différent avec une ficelle moins réaliste ? Moins émouvant ? Moins amusant ? Moins mémorable ?
Est-ce que ce temps aurait pas pu être utilisé à bosser sur autre chose ?

Tant que dans le jeu AAA on sera pas un peu plus sorti de cette culture du "plus joli truc" et de "la plus grosse map" etc. bref la culture de celui qui pisse le plus loin, on pourra difficilement avoir de la gestion de projet qui ne se base pas sur "broyer des gens 70h/semaine"

Perso en tant que manager on me dit "on a besoin de 12 animateurs pendant des semaines pour animer une corde", je vois un projet qui va mal, avec des priorités mal organisées et des ressources mal réparties.

C'est comme si pour le déconfinement de ma bibliothèque j'avais mobilisé la moitié du personnel pour sculpter des moulures et des bas reliefs sur les chariots au lieu d'organiser un protocole de retour des documents empruntés par les usagers avant le covid.

Ok ça serait joli, mais il aurait fallu faire le protocole quand même, et pour un bénéfice assez maigre (deux trois usagers qui s'extasient sur les moulures puis les oublies ensuite). Encore une fois, beaucoup (pas tous) de gros studios n'arrivent pas à prioriser l'important

oublient*.

Je pense aussi qu'une partie du problème (qu'on retrouve dans d'autres industries) vient de l'espèce de culte du chef-visionnaire qui veut mettre des millions de trucs dans son jeu et d'un manque de collégialité. ca devient des jeux-caprices.

On se moque beaucoup de Kojima, dont la personnalité fait que ça se "voit" beaucoup chez lui, mais en vrai, c'est quand même un truc encore trop répandu : untel veut des serpent et des poils ultra réaliste, et l'intendence suit en souffrant et en dilapidant des ressources.

Et je pense que c'est aussi comme ça que ces organisations s'enferment dans le silence (de moins en moins) quand il y a des abus ou de la maltraitance qui vient d'en haut, parce que tout le monde finit par se dire que c'est pour le greater good.

Et au final le greater good c'est une corde bien animée. Franchement, ça me saoule.