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La dynastie Marocaine des Almoravides (al-murābiṭūn/ⵉⵎⵔⴰⴱⴹⵏ).

Les Almoravides sont une dynastie berbère qui a émergé des tribus Sanhāja, plus particulièrement des tribus de Guddala et Lamtūna.

Elles s’étendent du Souss (Maroc) jusqu’au Sud de l’actuel Sahara Marocain.

[Les Almoravides jusqu'au règne de Yūsuf B. Tāšfīn, V. Lagardère, 1989]

Le mouvement Almoravide fut créé par deux marocains.

Nous citons le théologien et prédicateur Malékite Abdallāh ibn Yāsin ainsi que Yaḥyā ibn Ibrāhīm (un chef de tribu responsable des fonctions politiques et militaires).

Vers l'an 1035, à leur retour d'un pèlerinage à la Mecque où ils apprirent les traditions de l'islam Sunnite, ils réussirent à imposer à leurs deux tribus respectives des règles de vie conformes au malékisme.

Une union entre les Guddala et les Lamtūna s’est ensuite créée.

Entre 1042 et 1054, les Almoravides transforment rapidement leurs croyants en guerriers.

Ils vont donner à la razzia traditionnelle du désert la dimension de la guerre sainte en réalisant la conquête du Sahara Marocain et de Tegdaoust , la porte du Soudan « pays des Noirs ».

Un an plus tard, ils prennent Sidjilmassa où les Berbères Zénètes seront exterminés.

C'est donc à partir de cette dernière qu'ils entament la conquête du Nord en éliminant tout les pouvoirs locaux.

(Ruines de l'Émirat de Sidjilmassa )

En 1055, Yaḥyā ibn Ibrāhīm meurt lors d'une expédition militaire.

Il est aussitôt remplacé par Abū Bakr ibn 'Umar, son frère, promu par le prédicateur Abdallāh Ibn Yāsin (qui meurt à son tour en 1059).

Ainsi, après la mort d’Ibn Yāsin, l’état religieux devint un royaume.

Abū Bakr épouse Zaynab Nefzaouia, figure emblématique de l’histoire du Maroc et l’une des femmes les plus stratèges, intelligentes et ambitieuses du XIème siècle.

Victorieux sur l'émirat du Barghwata, il envoie une armée au Nord sous le commandement de son cousin Yûsuf ibn Tashfîn.

[Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique Septentrionale, Volume 2, Ibn Khaldūn, 1854]

(Abū Bakr partageait son empire avec Yûsuf ibn Tashfîn).

Abū Bakr retourne pendant ce temps dans le Sud pour mettre fin aux les luttes tribales menées par des noirs païens soudanais.

En son absence, Yûsuf ibn Tashfîn se mariera avec Zaynab, l’ex épouse de son cousin Abū Bakr.

Le mouvement Almoravide sous l’impulsion de ce nouveau chef va voler de succès en succès.

{Représentation de Yûsuf Ibn Tashfîn/ⵢⵓⵙⴼ ⵓ ⵜⴰⵛⴼⵉⵍ}

Abū Bakr ne pourra tristement, jamais retrouver ni son commandement ni son ex épouse.

Il sera contraint de rejoindre le désert, où il mourra.

{Abū Bakr, Mecia de Viladestes, 1413}

En l'an 1062, Zaynab Nefzaouia conçoit les plans de la ville ocre en attendant le retour de son mari (qui était parti en guerre).

À son retour, Yûsuf ibn Tashfîn fonde Marrakech (Amur n Akush), soit en berbère « Pays de Dieu », et ce, conformément aux plans qu'elle a créé.

Le site aurait été choisi par les chefs de deux tribus rivales, à la frontière de leurs territoires :

« Nous t'avons choisi un lieu désert, où il n'y aucun être vivant à part des gazelles et des autruches, et où ne poussent que des jujubiers et des coloquintes » (Ibn Idhari).

De 1064 à 1066, il s'empare du Nord du Maroc.

Après plusieurs tentatives, il réussit à s'emparer de Fès, en 1069.

Peu après, il est maître du Maroc et déborde largement sur le Maghrīb central.
Entre 1082 et 1083, il est à Alger, dans le territoire des Ḥammādides.

1085 : la situation commence à échapper aux princes arabes d’Espagne.

La Prise de Tolède par le roi de Castille Alphonse VI, et la pression chrétienne sur Al-Andalus, pousse le roi musulman de Séville, Al-Mu’tamid Ibn Abbād à faire appel aux Almoravides.

{Prise de Tolède, 1085}

Après maintes hésitations, ibn Tashfîn répond à l’appel angoissé d'Al-Mu‛tamid.

Il passe le détroit, débarque à Algésiras et remporte contre Alphonse VI, la bataille de Zallâqa en 1086.

[المرابطون والأندلس - د. داوود عمر سلامة عبيدات - دار الكتاب الثقافي, 1427 هـ / 2007 م]

Thread sur l'affrontement entre les Almoravides et le Royaume de Castille : https://twitter.com/MazippaHawk/status/1273968581252972544?s=20

Suite à cela, les Almoravides enchaîneront de nombreuses victoires en prenant Tarifa et Grenade en 1090, Cordoue en 1091 et Séville en 1094.

Les petits royaumes sont soumis, et les Marocains règnent en maître sur l’Andalousie musulmane.

En 1102, les Almoravides prennent Valence avec la partie septentrionale d’al-Andalus, allant jusqu’à la vallée de l’Èbre.

{les Croisades au temps du Cid en Andalousie à Balansiya, Valence, al-Andalus}

Quatre ans plus tard, Yûsuf ibn Tashfîn meurt alors qu'il avait plus de quatre-vingt-dix ans.

Et bien sûr, après qu'il ait bâti un empire qui s’étend des îles Baléares au Nord, au fleuve du Sénégal au Sud, jusqu’à l'Atlantique à l'Ouest et au centre de l'Algérie, à l’Est.

Alî ibn Yûsuf succède à son père et durant son règne (de 1106 à 1142), l’empire atteint son extension maximale.

Mais à partir de 1142, Al-Andalus se fragmente progressivement, et c'est le début des secondes taifas.

Quatre ans plus tard, soit en 1146, une fraction d’Al-Andalus reconnaissait comme roi le calife Almohade Abd al-Mu'min.

Ce fut la fin de la dynastie Almoradive, marquant le début de la dynastie Almohade en Andalousie.

La fin de l'ère Almoravide marque la fin d'une civilisation brillante où l’influence andalouse est de plus en plus prégnante, architecturalement comme artistiquement.

Elle est également imposante sur le plan du mode de vie ou dans le domaine de la pensée, où la culture hispanique florissante du califat de Cordoue renaît en Espagne comme à Marrakech.

Durant cette période, plusieurs grands savants musulmans tels qu'Al-Idrîsî ou encore Ibn Rushd (plus connu sous le nom d'Averroès), ont révolutionné le monde par leurs innovations et leurs découvertes.

Sources :

- Al-ʿUsur al-Wusta: The Journal of Middle East Medievalists, University of Mariland, 2018.

- Ronald A. Messier, The Almoravids And The Meanings of Jihad, Oxford, Praeger, 2010.

- The Maghrib in Question : Essays in History And Historiography, Austin: University of Texas Press, 1997.

- Jacinto Bosch Vilá, Historia de Marruecos: Los Almorávides, Tétouan, 1956.

Merci à @MazippaHawk pour l'aide apportée.

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