Depuis plus de 24h, en réponse à un tweet sur le craquage des enseignants, c’est le déchaînement de profs bashing. J’ai choisi de masquer les réponses insultantes (je bénis cette fonction), voire de bloquer leurs auteurs, mais aussi de discuter avec les moins violents

Il en ressort +sieurs choses assez inquiétantes. D’abord une méconnaissance importante du métier tant du point de vue des compétences professionnelles que de son organisation (temps de travail, investissement psychologique, encadrement extra scolaire, fonction sociale du métier)

D’où me semble-t-il une difficulté à penser le métier d’enseignant du point de vue de la transformation du monde du travail (injonctions à la rentabilité, flexibilité, répression des activités syndicales etc.) ce qui pourtant le rapproche de plus en plus d’autres professions

Difficultés également à l’envisager du point de vue de la mise en danger plus globale des services publics. Or c’est bien de cela dont souffre l’école auj, comme d’autres services publics, et de la maternelle à l’université

Beaucoup ont tiqué sur le terme de « maltraitance », le trouvant inapproprié. Or il existe bien une maltraitante institutionnelle. Christine Renon la décrivait très bien dans sa lettre d’adieu avant de se suicider dans son école.

Elle parlait alors d’incapacité à assumer toutes les injonctions souvent contradictoires. Cela ne signifie pas que tout le monde est ou se sent maltraités, mais de plus en plus de collègues ressentent de la souffrance au travail

Bcp de railleries également dans les réponses sur nos « deux mois de vacances ». Je ne sais pas quel collègue a 2 mois. Toutes et tous ont des cours à faire, des nouveaux programmes à préparer etc. On ne s’en plaint pas forcément, c’est notre part de travail invisible

Mais il y a quelque chose de plus inquiétant : la négation complète de l’impact du covid et du confinement sur les enseignants. La perte de proches, l’angoisse, la disparition de certains élèves, leur mal-être, nos conditions de travail à la maison avec nos propres enfants etc

Et du coup le sentiment que nous serions passés à travers cela sans aucune douleurs, contrairement au reste de la société. Or désolée mais Il n’existe pas d’immunité enseignante contre la maladie.

Du coup il ressort de tout cela que la mise en concurrence des métiers (« regardez les soignants, les transports etc » m’a-t-on dit) est totalement contre-productive. Et qu’il faut au contraire les penser dans leurs complémentarités et solidarités.
C’est un défi ambitieux mais..

NB : j'avais déjà subi un trolling du RN mais c'est incomparable par rapport aux comptes LREM ; je ne peux même plus compter le nombre de blocages. Ils sont vraiment flippants.