THREAD - Le second président de l'Algérie indépendante : Houari Boumediène

Mohamed Boukharouba est son vrai nom.
Il est né en 1932 à Aïn Hassaïnia (Wilaya de Guelma), et mort en 1978 à Alger.
Il grandi dans une famille de paysans pauvres.
Il assiste aux massacres du 8 mai 1945 à Guelma, il avait seulement 13 ans. ( avec sa femme)

En 1951 il va étudier à l'université Al-Azhar (Le Caire), la plus prestigieuse université islamique de l'époque.
C'est lors de ses études en Egypte, sous l'égide du MTLD et du bureau du Maghreb arabe qu'il s'active à préparer la guerre de libération.

Dès 1954 il rejoint le Maroc pour organiser la logistique et le trafic d'arme du FLN. Il est donc membre de l'armée des frontières.
En 1957 il prend le commandement de l'Etat major de la Wilaya V, mais ne participe pas aux combats et reste posté à Oujda.

C'est à cette période qu'il rejoint le clan d'Oujda.
Le clan monte en puissance et devient une faction incontournable du FLN. On soupçonne le clan d'être responsable des meurtres d'Abane Ramdane et d'Amirouche en 57 et 59. Boumediène prend de l'importance au sein du clan.

Il est nommé chef de l'état major général de l'ALN en 1959.
Boumèdiene est désormais chef de l'armée des frontières.
La guerre arrivant a son terme, le clan d'Oujda qui dispose de l'armée des frontières commence à contester au grand jour l'autorité du GPRA.

La crise de l'été 62 débute en mai, les discordes au sein du FLN s'aggravent dangereusement.
Les forces du GPRA sont éprouvées par 7 ans de guerre.
Tandis que l'armée des frontières est intacte et mieux équipée. Boumediène et Ben Bella font alliance afin de renverser le GPRA.

Boumediène manque de légitimité, reste en retrait et apparait comme le bras droit de Ben Bella.
Le 22 juillet 1962 il organise un putsh, pour marcher jusqu'à Alger et s'emparer du pouvoir. On parle d'un millier de morts dans les rangs du GPRA.
Ben Bella devient le chef d'Etat.

Il est nommé ministre de la défense. Boumediène tiens les rênes du clan d'Oujda désormais au pouvoir.
Il met en place un régime militaire autoritaire. Il est partisan d'une répression féroce du FFS, de même qu'il ne cède rien au Maroc sur la question des frontières.

Le 19 juin 1965 Boumediène renverse Ben Bella dans un coup d'Etat. Il lui donnera le titre de "réajustement révolutionnaire".
Il restera 13 ans au pouvoir, il bénéficie a posteriori (comme de son vivant) d'une image globalement positive, bien qu'il soit sujet a débat.

Sur le plan intérieur, Boumediène durcit son régime. Il dirige l'Algerie en cumulant les postes (président, ministre défense, 1er ministre, PR du FLN).
Il suspendra la constitution en 1967.
La Sécurité militaire veille à ce que rien ni personne ne puisse contester son autorité.

Le président réprime ses opposants et n'hésite pas a les éliminer.
C'est ainsi que Mohamed Khider est liquidé en Espagne en 1967. Et Krim Belkacem en 1970 en RFA.
Ce traitement réservé aux héros de la révolution fait tâche sur son héritage.

Les détracteurs de Boumediène l'accusent d'avoir ignoré le pluralisme linguistique et culturel du pays. Ainsi que le modèle étatique choisi, qui favorise l'émergence de la corruption généralisée et de la bureaucratisation.

néanmoins force est de constater qu'il permit au pays de se développer et de prendre une dimension internationale encore inégalée dans son histoire. Il maintient la politique socialiste impulsée par Ben Bella, et commence par bâtir l'Etat algérien.

Il nationalise la terre par une réforme agraire : "la terre à celui qui travaille" disait-il.
Il développa l'éducation et l'accès aux soins (gratuit) pour améliorer les conditions de vie du peuple.
Il applique le principe de l'Etat propriétaire en nationalisant les ressources.

Il nationalise les hydrocarbures le 24 fevrier 1971. Il gagne le bras de fer engagé avec la France sur cette question.
VGE visitera même le pays en 1975, en égal de son homologue algérien
Deja en 1968 il avait obtenu le retrait de la France de la base de Mers El-Kébir (Oran).

Parmis ses grands projets on compte : la nationalisation et l'exploitation d'hydrocarbures, le barrage vert, l'électrification rurale et la route transaharienne.
En chiffre : le PIB par Hab passe de 360 $ à 1940 $, et l'analphabétisme est tombé de 90 % à moins de 40 %.

Sur le plan exterieur Boumediène s'appuya sur le prestige de la révolution algérienne pour faire de l'Algerie l'un des leaders du tiers monde.
Dans la continuité de Ben Bella il s'aligna sur Nasser et son panarabisme. De même qu'il était proche des pays socialistes.

L'ère Boumediène rime avec l'ère d'Alger la Mecque des révolutionnaires.
Les mouvements révolutionnaires et anti coloniaux du monde entier trouvaient en l'Algerie un soutien financier, politique et/ou militaire.
Ainsi Boumediène était populaire dans le tiers monde.

Pour preuve de l'importance de Boumediène au niveau international il fut secrétaire général du mouvement des non-alignés de 1973 a 1976.
En avril 1974 il prononce un discours a l'ONU au cours duquel il appel a la construction d'un ordre économique mondial plus juste.

C'est dans ce contexte de soutien aux causes anti imperialiste que Boumediène décide de soutenir le Polisario dès 1975 dans la lutte indépendantiste.
Il accepte d'accueillir les réfugiés sahraouis. D'ailleurs il fit renoncer Hassan II à revendiquer le Sahara algérien.

Il déclara : "Nous sommes avec la Palestine, qu'elle ait tord ou raison".
C'est pourquoi il soutient l'Egypte en 1967.
en 1973 il a soutenu militairement les arabes contre Israël, il participa à l'embargo de l'OPEP où l'Algerie joua un rôle clé dans le rapport de force engagé.

Fort de sa stature d'homme influent, il joue le rôle de médiateur entre l'Irak et l'Iran à propos de leur contentieux frontalier.
Ansi le 6 mars 1975 les accords d'Alger sont signés entre l'Irak et l'Iran. ( avec le Shah et Saddam )

Il meurt le 27 décembre 1978 à 47 ans de la maladie de Waldenström. Ce fut un choc pour le peuple, qui n'avait pas été tenu au courant de sa maladie.

Quoique l'on pense du personnage il aura marqué son époque.
on lui reproche sa dictature militaire, et le début de la corruption généralisée.
Ainsi que sa politique identitaire envers les kabyles.

Mais le pays lui doit un développement socio-économique qui améliora les conditions de vie du peuple.
Il donna un prestige et une importance internationale à l'Algerie.
Boumediène aura été un leader intransigeant face à la France et Israël.

ANECTODE Boumediène

Lors d'un entretien off record, on demanda au président pourquoi l'Algérie avait dissimulé son aide financière aux pays Arabes lors de la guerre du Kippour en 73, contrairement aux autres pays Arabes qui en ont fait l'étalage

Voici sa réponse