1/n- Or donc, j'ai testé pour vous le livre de Houria Bouteldja : les Blancs, les Juifs et nous.

Je vous raconte quand même...
2- Ce livre est une purge. Je l’ai lu pour y trouver une logique à démonter, des arguments à réfuter, une idéologie à combattre. Finalement je me suis juste farci un livre franchement pauvre, qui masque mal sa vacuité sous une plume acerbe.
3- La plume toutefois est la chose positive que je retiendrai de ce bouquin. Plume punchy, et percutante. Un style rapide et efficace qui se lit plutôt bien. Un sens de la formule qui frappe quand l’envie vient à Bouteldja de choquer.
4- La plume toutefois est la chose positive que je retiendrai de ce bouquin. Plume punchy, et percutante. Un style rapide et efficace qui se lit plutôt bien. Un sens de la formule qui frappe quand l’envie vient à Bouteldja de choquer.
5- Le premier chapitre fait office d’introduction. Je serais bien en peine de vous en donner un résumé exact, tant il part dans tous les sens. Mais il annonce clairement un livre antisioniste, anti blanc, et anticapitaliste.
6- D’une ligne à l’autre on passe de Sartre à Gramsci, de l’Algérie aux Indiens, des Juifs aux Blancs, des histoires d’héritage colonial aux saillies d’extrême gauche. Sans pour autant qu’il soit possible à cette étape de trouver un fil logique aux propos tenus.
7- Le second chapitre s’intitule « Vous les Blancs ». Les autres chapitres se nomment « Vous les Juifs », « Nous les Femmes indigènes » et « Nous les indigènes ». Un bon vieux « Nous et Vous » qui pose l’éternelle thématique de l’affrontement.
8- Par ce chapitre, Bouteldja est souvent accusée d’homophobie, au motif qu’elle vante la phrase de Mahmoud Ahmadinejad, qui répondait ainsi aux accusations d’exactions iraniennes commises contre des homosexuels : « Il n’y a pas d’homosexuel en Iran »
9- En vérité c’est une accusation facile, de mauvaise foi. En contexte, elle avoue que son admiration est minable, mais qu’elle admire l’esthétique de la scène, où un « Indigène » ment effrontément et avec insolence, au cœur même de l’Occident.
10- (Je vous rassure il y a 1001 raisons de la croire homophobe, mais pour le prouver il ne s’agit pas juste de sortir de son contexte une phrase qu’elle écrit sciemment pour provoquer. Lisez la suite.).
11- Ce chapitre expose surtout le cœur de la pensée décoloniale : l’idée que les Blancs sont en position dominante dans tous les domaines (matériellement, statutairement, professionnellement, politiquement, symboliquement)…
12- Et que cette position dominante des Blancs est héritée de leur passé colonial, dont ils tirent des rentes, mais qui dans le même temps les rend anxieux face aux non Blancs, en qui ils voient la « possibilité d’une vengeance ».
13- Le reste du chapitre est un développement sans grand intérêt où tout se mélange une fois de plus, pour en déduire sans trop qu’on sache comment que le Blanc est responsable de son passé, bien qu’il n’en soit pas coupable.
14- Et rien ne viendra le racheter. Bref, un gros n’importe quoi anti capitaliste et anti blanc qui vient poser l’explication ultime à tout : les Blancs sont responsables de leur passé, et tout ce qui peut arriver aux autres est leur faute.
15- Les ressorts du racisme sont là évidemment : cette manière de nier l’individu, cette manière de penser les Blancs comme un bloc monolithique, cette manière de penser le blanc comme haïssable et responsable de tous les malheurs du monde.
16- Mais Bouteldja ne franchit pas le cap, franchi par d’autres décoloniaux, de nier la réalité du racisme anti blanc, en partant d’une redéfinition raciste de ce qu’est le racisme. Redéfinition pensant le racisme comme un héritage.
17- Héritage dont bénéficient les Blancs, au détriment des « racisés », et qui se traduit par des discriminations et désavantages pour les racisés d’aujourd’hui. Position qui interdit à tout Blanc d’être une victime.
18- Et position qui enferme le Blanc dans la position d’éternel bourreau. Ce qui est assez proche de ce que Bouteldja raconte ici, assurément. Les bases et les idées sous-jacentes sont les mêmes.
19- Dans le chapitre suivant, « Vous les Juifs », ces derniers sont accusés d’être instrumentalisés par les Blancs pour s’absoudre de l’antisémitisme, pour sous-traiter le « racisme républicain », et pour appuyer l’impérialisme occidental au moyen orient.
20- Encore une fois on sort de son contexte une phrase de Bouteldja pour l'accuser d'antisémitisme alors qu'elle balance une de ses habituelles provocations pour choquer le bourgeois.
21- En vérité elle distingue assez bien le sionisme de la Judéité, et ne tombe pas dans les grosses ficelles qu’on cherche habituellement chez les antisionistes. Elle clame par exemple clairement que la Shoah ne sera jamais un détail.
22- Mais son antisémitisme est plus insidieux. Il passe par cette assimilation aux Blancs, criminels et impardonnables bourreaux coloniaux. Il passe par cette négation de l’individu, comme si les Juifs formaient un bloc monolithique.
23- Il passe aussi par cette obsession israélienne, et cette idée sordide que la Shoah serait instrumentalisée par les sionistes pour défendre leur cause, comme si les survivants de l’époque avaient pu considérer l’holocauste comme une « aubaine ».
24- Bref, l’antisémitisme de Bouteldja transpire de ses propos, mais il n’est pas basique comme celui des abrutis habituels, et c’est insulter l’intelligence de tout le monde que de l’attaquer sur son antisémitisme en sortant une phrase de provocation de son contexte.
25- Son idée, dans ce chapitre, est de dire que les Juifs devraient abandonner l’idée sioniste, à laquelle elle s’oppose farouchement, pour rejoindre les « Indigènes » dans leur combat face à l’Etat-nation Blanc qui ne les intègre pas réellement.
26- Le sionisme étant selon elle rendu possible uniquement parce que l’Occident utilise la cause pour assurer sa rédemption, l’antisémitisme étant né en Occident ; et pour assurer son impérialisme de manière indirecte au Moyen Orient.
27- En somme pour tout cela aussi, les Blancs sont coupables… Quant à l’aspect « racisme républicain », je n’ai simplement pas compris son propos. Mais il s’agissait d’une de ses saillies habituelles, mélangeant un peu tout.
28- Le chapitre suivant se nomme « Nous les femmes Indigènes », et raconte un peu n’importe comment le déchirement identitaire de certaines femmes d’origine étrangère, écartelées entre ce qu’elle nomme les patriarcats Indigène et Blanc.
29- Il pourrait y avoir un fond intéressant, mais le lecteur n’aura pas forcément envie d’aller le chercher dans les délires sur les indigènes virils et masculins, qui abandonnent ces aspects pour ressembler aux Blancs…
30- Comme d’habitude c’est bourré de phrases provocatrices facilement sorties de leur contexte, comme « la tarlouze n’est pas tout à fait un homme ». En général on isole ces phrases, sans préciser que c’est une provocation, et on traite Bouteldja d’homophobe.
31- En vérité, son homophobie est exprimée indirectement par classement de l’homosexualité dans les comportements de Blancs. Pour elle, l’Indigène, qu’elle défend, ne devrait pas être homosexuel. En revanche, le Blanc qu’elle méprise, si.
32- En vérité, si vous voulez attaquer Bouteldja, au lieu de sortir des phrases de son contexte, rappelez juste qu’elle déteste les Blancs, et qu’elle leur assimile ceux qu’elle n’aime pas : les Juifs, les homosexuels, etc.
33- Sauf provocation évidente à quiconque lit en contexte, elle n’attaque pas directement ses cibles, hormis les Blancs. Pour les autres, elle les classe juste dans le camp des Blancs, ce qui en dit bien assez.
34- Quant à sa thèse, ici, elle assure que les femmes Indigènes doivent d’abord être fidèles à leur communauté, bien qu’elles y soient mal traitées, plutôt qu’aux Blancs, et ce pour permettre à la communauté de mieux lutter.
35- De lutter contre quoi ? L’oppression des Blancs bien sur. Une fois que vous avez saisi qu’elle exècre les Blancs, le reste est assez simple. Peu importe le sujet, il convient de combattre ces coupables de tous les malheurs du monde.
36- Et donc pour lutter contre les Blancs il faut d’abord accorder sa fidélité aux Indigènes, plutôt qu’aux féministes, parce que le féminisme est une invention blanche, qu’on oppose aux Indigènes pour mieux les écraser. Implacable hein ?
37- La poussée communautariste est claire et nette dans ce chapitre, et vu que les Indigènes ont vocation à s’opposer aux Blancs, les affrontements communautaires sont eux aussi envisagés de manière claire et nette.
38- Le chapitre suivant est dans la même veine. Il recèle un passage amusant, dans lequel elle rappelle qu’au fond, vanter un puissant passé lointain pour pouvoir oublier un piteux passé récent fait quand même un peu pitié.
39- Mais l’idée générale est de soutenir que les « Indigènes », en se montrant militants, unis, intransigeants et violents, pourront susciter la peur et le rejet, mais jamais le paternalisme des Blancs, qu’elle exècre.
40- Dans ce chapitre, elle précise la nature de ces « Indigènes » : ni représentants du Tiers Monde avec lequel ils entrent objectivement en conflit d’intérêt, et qui ne les reconnaîtrait plus, ni occidentaux, car éternellement rejetés.
41- Dans ce chapitre germe aussi l’idée du Bandung du Nord, repris ensuite par Rokhaya Diallo et ses amis. Bandung, du nom de la Conférence réunissant les pays non alignés sur l’un des deux blocs, à l’heure de la guerre froide.
42- Et du Nord, parce que l’idée est de créer ce groupe d’Indigènes du Nord, ni représentants du Sud, ni intégrés au Nord, mais prêts à s’unir comme le Tiers Monde s’est uni à Bandung. (Avec les échecs misérables que l’on sait…)
43- L’idée sous-jacente développée ici est le rejet total de toute forme d’assimilation ou d’intégration, pour défendre une vision communautariste de la société, ou Blancs et Indigènes s’affrontent.
44- Le dernier chapitre se nomme « Allahou Akbar » et propose aux Indigènes de s’unir autour des valeurs de l’Islam, vectrices de ré-enchantement du monde et de transcendance que la modernité et la Laïcité ont éteinte.
45- Dans ce chapitre, la vision postmoderne de Houria Bouteldja apparait au grand jour, en assumant de proposer les valeurs islamiques comme un rejet de la pensée Cartésienne et des valeurs de la modernité.
46- (Ces valeurs étant, pour rappel, les droits de l’Homme, la laïcité, le libéralisme, la rationalité, la croyance en la science, la croyance au progrès… Valeurs définissant l’Occident…)
47- Sur ce point je me dois de reconnaitre une certaine logique à brandir les valeurs de l’islam comme les plus radicalement opposées à la modernité de l’Occident. Je dis pareil…
48- Et le livre s’achève sur une invitation à former pour de bon ce mouvement Indigène, qui prend petit à petit forme sous le nom du PIR, le Parti des Indigènes de la République.
49- Voilà, si je résume c’est punchy et bien écrit, et c’est rédigé sans hypocrisie. Mais c’est raciste, contre les Blancs et les Juifs, sexiste quand elle préfère défendre la misogynie indigène au féminisme occidental.
50- C’est également communautariste, violent, anticapitaliste, anti moderne et postmoderne. Et confus aussi, quand elle mélange tout et n’importe quoi dans le seul but de ressortir un à un les sujets de polémique sur le passé de l’Occident.
51- La seule chose par contre que vous ne pouvez pas faire, c’est tomber dans la mauvaise foi vous-mêmes, en sortant des phrases de leur contexte provocateur pour faire dire à Bouteldja ce qu’elle ne dit pas.
52- Démarche intellectuelle d’autant plus saine qu’elle donne chapitre après chapitre les arguments pour lui faire, de manière argumentée, les procès en racisme, antisémitisme, sexisme, communautarisme et obscurantisme qu’elle mérite.
53- Voilà, j’espère que vous y voyez plus clair. Moi je repars vers de meilleurs livres. « Et c’est tant mieux parce que je ne ferais pas ça tous les jours ! »
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